Que pensent les 14-17 ans de la chronique de Patrick Lagacé
Suite à la chronique de Patrick Lagacé sur les jeunes ayant généré une controverse (pour la lire, c’est ici), nous avons eu le réflexe de vous demander à vous, chers lecteurs, ce que vous en pensiez. Après tout, c’est vous qui êtes à deux pas du monde du travail. Vous avez été très nombreux à nous écrire. Toujours avec beaucoup d’ouverture. C’est à votre image.
Maintenant, nous aimerions faire entendre votre voix.
Voici donc quelques extraits des nombreuses réponses que nous avons reçues, qui illustrent bien vos propos.
Noor :
Il est facile de dresser un mur et stigmatiser une génération entière d’après quelques exemples isolés. J’ai beau respecter Patrick Lagacé en tant que journaliste, sa proclamée « lettre ouverte » me frustre pour la simple et bonne raison qu’il ne s’agit que d’un amas de spéculations basées sur un unique article de blogue dépeignant trois ou quatre jeunes sur une démographique d’un million et demi de « milléniaux » au Québec; et, qui plus est, sur un ton condescendant et prétentieux. Je pense bien parler au nom de tous les individus de ma génération quand je dis que moi, qu’on m’adresse au « yo » et qu’on me demande si ça « chille » par un supposé professionnel, j’aime pas trop. […]
Le marché du travail est saturé dans d’innombrables domaines, et il est quasi impossible de trouver un emploi de premier échelon après avoir gradué qui ne demande pas un certain niveau d’expérience. En effet, les victimes du sous-emploi de la génération milléniale ne sont pas des jeunes aux rêves inachevés de rock star faisant soudainement face à la brutale réalité du monde professionnel. Il s’agit de jeunes adultes avec des objectifs de carrière précis, possédant une formation approfondie et plus qu’adéquate pour occuper un emploi dans leur domaine d’étude, qui n’ont d’autre choix que de prendre un poste requérant peu de qualifications au salaire maintes fois plus bas que celui espéré; tout ça pour venir à bout des factures désagréables des prêts étudiants et d’autres dépenses vitales. D’après un recensement de Statistiques Canada, un millénial sur quatre possédant un diplôme universitaire est employé à temps plein dans un poste qui ne nécessite pas d’éducation postsecondaire. Ces données montent à un sur trois lorsque l’on considère uniquement la population entre 25 et 29 ans.
Ces informations-là, j’en suis consciente. Même que de savoir que c’est probablement ce qui m’attend après avoir gradué, ça me fait peur. Et je peux affirmer avec certitude que je suis loin d’être la seule. […]
Danaë :
Ceux que je côtoie quotidiennement à l’école ont parfaitement conscience qu’ils devront travailler, moi comprise! Espérer avoir une job « cool », comme ils disent, c’est ben correct!! Je ne vois pas ce qu’il y a de mal non plus à vouloir renommer des postes (peut être pas en anglais par exemple…héhé). Les « vieux comme lui » devraient plutôt exploiter cet enthousiasme et cette motivation dont les milléniaux font preuve. Bref…ils devraient nous donner une chance et arrêter de nous prendre de haut comme ça… 🙂
Maxence:
[…] En généralisant ainsi que les jeunes sont des pelleteux de nuages ayant perdu la notion de l’effort, on manque ainsi un des aspects motivant le plus les milléniaux lorsqu’il s’agit du milieu du travail: la sensation d’être reconnu à sa juste valeur. En maintenant cette croyance selon laquelle l’ancienneté prime sur la performance lorsque travail il y a, on empêche les jeunes de travailler sur des projets plus demandants, bien que ceux-ci aient souvent les connaissances générales nécessaires au bon fonctionnement du projet. Ces jeunes proposant des solutions aux employeurs demandent seulement que leurs boss acceptent de donner plus de responsibilités pour que ceux-ci puissent atteindre leur plein potentiel. Connsidérant que le travail est l’occupation réservant le plus de temps dans notre vie, je considère qu’il est important que celui-ci nous donne un sentiment d’accomplissement et de compétence lorsqu’on revient de celui-ci.
Arielle:
Au début, l’auteur mentionne qu’il n’est pas comme les autres, qu’il ne pense pas que les jeunes sont trop paresseux et tout, mais plus on lit le texte, plus on se rend compte qu’il dit exactement ce qu’il voulait -ne pas dire- au début! […]
Victor:
Ce discours a beau être légèrement condescendant, il est en partie juste. Nous faisons en effet partie d’une génération encore en apprentissage, et nous le savons très bien. Mais ce qui nous chauffe les oreilles à nous les « milléniaux », c’est d’être rabaissés et généralisés. Certains d’entre nous font entendre leur voix plus fort que les autres. Et c’est à eux que devrait s’adresser cette lettre. Le reste de notre génération est tout comme la génération de l’auteur il y a 20 ans, ou peut-être 30: des jeunes inexpérimentés qui entrent dans le monde adulte. Le point est que la plupart d’entre nous savons tout cela, on nous le répète. La plupart d’entre nous sommes prêts à fournir l’effort nécéssaire pour apprendre, et même plus. Mais la petite partie qui se fait entendre, c’est ceux qui, au lieu de travailler, vont se mettre en scène et chialer au lieu de ramasser les scraps comme le reste d’entre nous. Cette caractéristique que les générations avant nous trouvent désagréable, les milléniaux non plus ne l’aiment pas.
En bref, on sait qui on est. On sait ce que les autres pensent de nous. Mais on s’en fout, on va tous travailler aussi fort que les générations avant nous, et celles à venir.
Sabrina : « Cette lettre, bien qu’elle commence avec une déclaration de paix – « je n’ai rien de particulier contre ta génération » – a tout de même un ton condescendant. Oui, il a beaucoup plus d’expérience que nous dans ce domaine et je respecte son autorité sur le sujet, même que j’écouterais volontiers les conseils d’un adulte (dont les siens), mais parler comme s’il est non seulement supérieur en âge et en expérience mais aussi en « gros bon sens » (Est-ce que les jeunes savent qu’il y a plus que les partys et texter dans la vie? Bin non voyons! C’est rien qu’une gang d’accros à l’internet, y faut tout leur montrer, c’est pas comme dans mon temps pantoute!), ça, ça me fait tiquer.
On n’est pas des babouins incapables de savoir quoi que ce soit de productif! Même ceux qui font souvent la fête et qui sont beaucoup sur leur téléphone sont capables de bien des belles choses. Les ados sont brillants, ils valent la peine. De plus, il tire sa généralisation d’un texte citant quatre ados. J’ose douter que les citations qu’il nous montre, tel un vox pop de Guy Natel, ne peignent pas un portrait représentatif de la génération au complet. Pourtant, il assume que nous sommes tous comme ça. Les utiliser comme autre chose que quelques individus dans un grand bassin est fallacieux. Ça ne mène nulle part et les gens visés s’indignent, donnant encore plus de munitions à ceux qui viennent « sauver notre génération perdue ».
Au final, si on veut avoir une discussion intergénérationelle honnête, car j’imagine (du moins, j’espère) que le but de tous ces textes n’est pas de nous attaquer pour le simple plaisir de se sentir supérieur, il faut enlever les généralisations et les préjugés. Il faut apprendre à connaître (au moins un peu) son interlocuteur et écouter ce qu’il dit, pour de vrai. Il faut essayer de voir les points de l’autre de son point de vue et garder l’esprit ouvert. Bref, il faut avoir une vraie conversation, pas se lancer des insultes voilées par des conseils et des généralisations.«
Oui, encore des préjugés et des généralisations! Il est tombé dans le piège des mon oncles! Dommage!
J’ai 64 ans, des enfants et des petits enfants. Je n’en connais pas de paresseux ni dans ma famille ou toutes mes connaissances? Ils sont où ces jeunes?
Je ne comprends pas à quoi ça sert ce genre de message, ça n’a rien de constructif!
»Patrick Lagacé et ses dîners de cons »
D’une part, Patrick Lagacé est quelqu’un qui a souvent fait preuve d’agressivité dans ses chroniques. Amer, frustré ? Bref, rien de nouveau. Faut dire aussi qu’il moisit dans un domaine où les conditions de travail sont particulièrement difficiles aujourd’hui. En somme, sûrement quelqu’un d’aigri ; de jaloux. Et si on lui offre des jobs, c’est sans doute parce qu’il a réussi à intégrer la clique de Radio-Canada / Lapresse : serez-vous surpris de l’entendre à la radio de Radio-Canada un jour ? On a déjà daigné placer l’antipathique grognon devant des caméras télés aux côtés de Marina Orsini (sa »Deuxième chance » en tant que professionnel…) qui elle…devient soudainement journaliste ! Le monde à l’envers…Il devrait se compter chanceux.
»Une retraite dorée au Sénat, M’sieur Lagacé ? »
D’autre part, on doit reconnaître à cet agaçant journaliste qu’est Patrick Lagacé son talent de provocateur : tout le monde finit par tomber dans son piège. Il met la table, vous saoule de son venin et se fout de votre gueule. Évidemment qu’il se garde une p’tite gêne, qu’il se montre sympathique car autrement, qui le lirait encore ? Ceci étant dit, Patrick Lagacé à raison d’être négatif : son heure de gloire est passée et bientôt il devra céder son siège à vous qui avez de 17 ans à 20 ans. Alors ne vous laissez pas écraser ni décourager par les Patrick Lagacé de ce monde : ouvrez-vous à ceux qui vont ont précédé et qui sont ouverts à vous léguer de leur savoir ainsi que de leur expérience; donnez, mais respectez vous. L’intergénérationnalisme est un idéal et vous êtes la relève.